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Parcours de diplômés : Christian Courtin-Clarins (ISG promo 1974), Président du conseil de surveillance du groupe Clarins

25 janvier 2016
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Christian Courtin-Clarins est un aventurier. Fils de Jacques Courtin-Clarins, fondateur de la société française de produits cosmétiques haut de gamme du même nom, il intègre l'entreprise familiale à sa sortie de l'ISG, en 1974. Trois ans plus tard, il est nommé directeur export et implante la marque dans une centaine de pays, devenant leader européen des soins de beauté. En 1998 il intègre le conseil d'administration pour finalement devenir président du directoire jusqu'en 2008. Depuis ce jour, cet actif père de famille est président du conseil de surveillance de ce groupe français, riche de plus de soixante ans d'histoire.

Que retenez-vous de vos années d'étudiant à l'ISG ?

L'ISG, c'était pour moi une fantastique auberge espagnole, dans le sens où l'on y trouvait des profils tous très variés. Dans nos cours, nous avions beaucoup de liberté, beaucoup de choix à faire et il fallait avoir suffisamment de maturité pour pouvoir en profiter. J'étais dans une très bonne promotion - celle de 1974, une petite promo de 79 étudiants - au niveau de la réussite de ses diplômés. Je suis resté très ami avec une quinzaine d'Anciens, nous nous voyons régulièrement. L'ISG peut être fier de la réussite de l'ensemble de ces garçons - de ces hommes, maintenant. C'est bien plus qu'un « réseau » d'ailleurs, nous avons des liens amicaux très forts.

L'ISG vous a ainsi transmis un lot de valeurs, outre le savoir-faire nécessaire pour réussir en tant que business man ?

C'était très entrepreneurial dans la mentalité. On allait toujours dans le sens de l'esprit d'entreprendre. Je me suis retrouvé entouré de beaucoup de personnes très intelligentes, moins matheuses que d'autres peut-être, mais avec le sens des affaires. Nous essayons d'ailleurs de recruter des jeunes qui sortent de l'ISG et jusqu'à aujourd'hui, tous ceux que nous avons eus étaient très bien formés. Quand on est jeune et que l'on rejoint une société, il faut impérativement avoir cet esprit d'entreprise - je demande à tous les étudiants de l'ISG de garder cela, tout en gardant leur esprit de gestionnaire.

Vous avez toujours été très soucieux des questions environnementales : le développement est inconcevable s'il n'est pas responsable ?

Aujourd'hui, on ne peut entrevoir le développement d'une société sans penser à son impact sur la nature et l'humain. Je n'appelle pas ça le développement durable d'ailleurs, j'appelle ça le développement responsable. Nous sommes tous parents, nous avons tous des enfants et avons tous envie qu'ils puissent se baigner dans une mer propre, qu'ils mangent des poissons non issus de pisciculture, qu'ils aillent à l'école sans un masque... Je ne comprends pas qu'on puisse se poser la question : c'est inenvisageable autrement. L'avantage des sociétés, c'est que nous sommes plutôt des « faizeux » que des « dizeux », comme dit Alexandre Jardin [l'écrivain s'est lancé en politique avec mouvement « Bleu, Blanc, Zèbre », ndlr]. Nous mettons souvent en application les choses auxquelles on rêve.

Vous avez la réputation d'être un globe-trotter invétéré : voyager est essentiel pour être efficace en affaires ?

Une tête bien faite, c'est très bien, mais le plus important c'est le terrain. Y aller, voir, écouter, toucher. Pour Clarins, j'ai ouvert tout seul 128 pays. J'ai passé ma vie à voyager : huit mois de l'année au départ, ce qui était excessif, puis six mois, ce qui était trop et aujourd'hui, je suis sur un rythme de quatre mois, ce qui est bien. C'est en allant voir, en discutant, en restant sur le terrain qu'au fond, on arrive à prendre les meilleures décisions sur la stratégie du futur. Donc oui, c'est indispensable.

Clarins existe depuis plus de soixante ans : quel est le secret d'une telle longévité ?

L'avantage d'une société familiale, c'est qu'on est dans la pérennité. Nous voyons sur le long terme. Nous avons souvent des cadres qui sortent de Grandes Écoles, qui sont très compétents mais qui ont du mal à se projeter sur trois, cinq ou dix ans. Dans une famille, on se projette très facilement. Aujourd'hui nous avons un nouveau CEO, Jonathan Zrihen. Je l'ai recruté comme stagiaire. Je savais depuis quinze ans qu'un jour il deviendrait CEO du groupe. Nous sommes des marathoniens qui ne sont pas jugés tous les 100 mètres comme on peut juger beaucoup de cadres chaque année, nous allons sur le très long terme. Il y a une chose très importante que j'ai apprise dans les affaires : on ne peut pas plaire à tout le monde. Prenons l'exemple d'un parfum : « Angel » et « Alien » de Thierry Mugler sont deux parfums très discriminants. Soit on adore, soit on déteste. Mais leur succès repose justement sur cette marque, sur ce caractère. Et c'est justement la conservation de ce caractère qui fait l'identité de la marque. Nous nous reposons davantage sur nos convictions que sur des études de marché. Si vous faites ce que font les autres, vous disparaissez. Il faut avoir le courage de faire ce que personne n'a fait. Il y a souvent des échecs mais quand cela fonctionne, c'est une grande réussite.

Aujourd'hui, de quoi êtes-vous le plus fier ?

Après mes enfants, je dirais les 128 pays que j'ai ouverts. Quand je suis rentré en 1974, personne ne connaissait Clarins à l'étranger, la société faisait un million d'euros de chiffre d'affaires. Aujourd'hui, nous sommes autour d'un milliard et demi. Pour moi, l'ouverture et la découverte de ces pays, de ces cultures, sont de formidables réussites. Je les compare à mes enfants car chaque nouveau pays ouvert était comme un nouvel enfant : nous partions de zéro, il fallait planter Clarins. C'était extraordinaire cette conquête de la beauté dans le monde. C'est dans mon caractère, je suis Sagittaire, signe du voyage. J'étais voué à faire de l'exportation et tant mieux.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ?

La devise de Clarins : faire mieux, faire plus et aimer le faire. Il faut toujours se surpasser. Je n'ai pas de conseil à donner sauf un : être passionné !




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