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PORTRAIT D'ALUMNI : JEAN-YVES LAFON, ISG PROMO 95, EXPERT ET PASSIONNE DEPUIS TOUJOURS DE COMMUNICATION DIGITALE : IL NOUS PARLE AUSSI DES ENJEUX DE L'IA !
Florence Delsaux : Bonjour Jean-Yves, peux-tu nous parler de ton parcours depuis ta sortie de l'ISG ?
Déjà étudiant, tu t'intéressais à la communication digitale. Je crois me souvenir que tu avais travaillé en 95 sur le site du Premier ministre. D'où t'est venu cet intérêt et cette passion, ainsi que l'intuition que la communication digitale, très peu présente à l'époque, allait prendre un tel essor ?
Jean-Yves Lafon : Lorsque j’étais à l’AFIG, un copain m’a fait lire un article d'Ariel Wizman dans le magazine “Actuel” : cela parlait de mondes virtuels, de village global, du réseau Arpanet (ancêtre d’internet)... Cela m’a ouvert de nouvelles perspectives et tout au long de mes années à l’ISG je me suis documenté, j’ai souscrit à un des premiers abonnements possible à domicile au service Compuserve et j’y ai même consacré mon mémoire de fin d’études. Le sujet était « l’impact d’Internet et des nouvelles technologies sur l’organisation des entreprises ». J’ai eu une bonne note en dépit des réserves d’un des membres du jury plutôt perplexe sur la faisabilité et l’intérêt de changer l’organisation des entreprises pour mettre en réseau tous les PC et permettre à tous les employés de communiquer entre eux.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel d’un copain de promo qui travaillait dans un cabinet de conseil en charge de la création de l’Intranet du Gouvernement. Il souhaitait que je passe à son bureau le samedi suivant pour l’aider à répéter une présentation. Son patron est passé par hasard chercher des documents, nous avons fait connaissance et il m’a proposé de m’embaucher comme chef de projet pour une nouvelle mission qu’il venait de remporter : la création du 1er site du Premier ministre et du gouvernement. Personne ne s’y connaissait à la direction du Service d’Information du Gouvernement où j’ai été accueilli avec empressement pour les aider à piloter l’appel d’offre qui venait d’être lancé et surtout leur expliquer en termes simples les propositions qu’ils recevaient. J’ai ainsi eu la chance de rencontrer rapidement un grand nombre d’acteurs du secteur et découvrir concrètement les règles de la gestion d’un projet informatique pour le web.
FD : Tu as monté une agence de communication digitale, après avoir travaillé pour de grandes marques. Quel serait, à ton sens, le plus grand défi que tu ais eu à relever ?
JYL : Sur les 400 ou 500 projets réalisés depuis plus de 20 ans, il y en a quelques-uns qui ont naturellement été très complexes, souvent parce qu’il s’agissait d’utiliser des technologies encore très récentes et dans un environnement en transformation constante, ou avec des équipes très disparates.
Mais peut être que le plus grand défi a été de faire ce que l’on te t’apprend pas à l’école : refuser des projets apparemment fantastiques qui impliquaient des risques inconsidérés : marges budgétaires trop faibles, immobilisation d’un trop grand nombre de ressources mettant en péril le reste de l’activité, trop de compétences à trouver et à activer dans les délais annoncés, objectifs flous et attentes du clients illogiques… Et là le défi c’est de trouver les mots pour expliquer à un prospect ou un client que l’on ne souhaite pas donner suite pour ne pas se griller définitivement dans le cas d’un plantage annoncé (ceci dit on y gagne parfois une mission de conseil pour recadrer le projet).
Dans l’action le vrai défi c’est souvent de prendre du recul pour prendre des décisions difficiles : j’ai parfois participé ou dirigé des projets de lancement de solutions techniques inédites qui ne trouvent pas leur marché ou d’offres commerciales qui ne décollent pas : Le défi c’est de savoir arrêter à temps.
Un peu comme ces moments où j'ai choisi de changer d'entreprise ou d'orientation professionnelle, sans projet précis mais avec l'intuition que le moment est venu de tourner la page et qu’il faut se lancer dans un autre projet. Je crois profondément que c’est ainsi que l’on progresse en restant ouvert à l'innovation, aux nouveaux outils, aux tendances émergentes et aux évolutions des aspirations des entreprises.
Et dans le domaine de la communication digitale je n’ai jamais eu l’occasion de m’ennuyer.
FD : Quels sont, à ton avis, les enjeux actuels de ce domaine ? Notamment avec la montée de l'IA ?
JYL : Les enjeux concernant l'IA sont gigantesques !
Nous sommes pourtant habitués dans un monde VUCA (Volatilité Incertitude Complexité et Ambiguïté) à travailler dans un monde qui change rapidement. Et l’ensemble des moyens de communication et de production ont été particulièrement concernés. Mais ce n’est rien comparé à ce qui s’annonce avec le développement de l’IA. C’est une révolution vraisemblablement encore plus profonde que l’arrivée d’Internet dont les différents services ont pourtant envahi à la fois les entreprises traditionnelles mais aussi favorisé l'éclosion de nouvelles entreprises qui en moins de 25 ans ont trusté les plus grosses capitalisations boursières du monde.
Avec l’IA nous avons chaque jour l’apparition de nouveaux services de génération de texte, d’images, de vidéos, de résumé de réunion avec un plan d’action personnalisé, d’automatisation de tâches, d’agents de conversation, d’analyse de documents… Et il va se produire des changements encore plus profonds avec les API et l’interconnexion des solutions de communications existantes. Ajoute à cela les nouvelles possibilités de traitement et d’analyse de données en temps réel d’une immense quantité de données non structurées et cela quasi immédiatement dans tous les pays du monde.
Et depuis quelques mois de nouvelles interfaces apparaissent qui utilisent la voix, dans n’importe quelle langue, pour donner des instructions à des agents intelligents conversationnels qui sont capables d’analyser la question au lieu de simplement répondre à des termes prédéfinis.
Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres.
FD : Quels conseils aurais tu à donner à un étudiant qui souhaite se lancer dans ce domaine ?
JYL : D’abord tester différents outils avec un œil critique et faire de la veille pour découvrir les cas d’usage et les tests et transformations en cours dans un secteur ou une industrie qui l’intéresse..
Des applications nouvelles apparaissent chaque jour dans la santé, le droit, l’industrie, les loisirs, la mode, les transports, le commerce…
La seule limite pour le moment c’est l’imagination humaine, et naturellement l'Énergie nécessaire pour faire fonctionner toutes les machines connectées pour permettre cette révolution.
D’ailleurs, de mon point de vue, l'Énergie est le principal sujet dont devraient s’occuper les étudiants qui ne sont pas intéressés par l’IA.
FD : Enfin, aurais tu un souvenir à nous partager sur tes années à l'ISG ?
JYL : Comme tout le monde, de belles soirées !
Mais plus sérieusement, les travaux de groupe. J’y ai tellement appris sur le travail en équipe, parfois avec des copains qui ne font rien, d’autres fois avec des inconnus avec lesquels je n’avais aucune affinité, et généralement nous avons trouvé le moyen d’atteindre le résultat souhaité…Bref un excellent avant goût de la vie en entreprise, mais avec la légèreté de la vie étudiante en plus.
Et puis je continue de croiser et de fréquenter tellement d’anciens de l’ISG que tous ces bons souvenirs se prolongent encore aujourd’hui.
Merci Jean-Yves pour ce partage inspirant !
Florence
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