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PORTRAIT D'ALUMNI : STEPHAN CARON ISG 91, EX CHAMPION OLYMPIQUE ET MANAGING DIRECTOR, HEAD OF EUROPEAN PRIVATE DEBT @BLACKROCK
Florence Delsaux : Bonjour Stephan, j'aimerais que vous me parliez déjà de votre parcours depuis la sortie de l'ISG ?
Stephan Caron : Bonjour Florence, une fois Diplômé de l'ISG, j'ai poursuivi un master à l'ESCP parce cela correspondait à 'année où je préparais les Jeux Olympiques et je ne souhaitais pas me lancer dans le monde du travail immédiatement à une époque où j'avais un entraînement extrêmement intensif. Donc, le master m'a permis de compléter mes études et de m'entrainer pour les Jeux Olympiques.
J 'ai eu, 2 Médailles de bronze à 2 Jeux Olympiques différents, les derniers étant en 92 donc l'année où j'ai eu mon diplôme, à l’ESCP, c'est à ce moment que j'ai décidé de mettre un terme à ma carrière sportive, c'était le bon moment pour rentrer dans la vie active.
Mon premier job était chez JP Morgan. J'ai passé 3 années extrêmement formatrices, passionnantes et à l'issue de ces 3 années chez JP Morgan place Vendôme à Paris, j'ai décidé de quitter la banque et de tenter autre chose. Ce fut dans l'industrie, chez Suez, à la direction des projets internationaux. C'était l'époque où Suez avait une croissance extrêmement forte à l'international. On a un notamment travaillé sur le rachat de la société des eaux United Water Resources aux États-Unis. On a également travaillé sur un projet de concession à Casablanca, sur des projets en Amérique latine et ailleurs en Europe et en Asie, donc c'était vraiment une période passionnante. On a beaucoup voyagé et c'était très dense en termes de projets.
Après 3 ans je me suis rendu compte que c'était compliqué de progresser dans les groupes industriels français sans sortir d'X où de l'ENA à l'époque. Et moi, n'étant ni l'un ni l'autre, avec un parcours un peu différent, je voyais mal ma progression à très long terme. J'ai été chassé par GE Capital. Je me suis dit qu'un groupe américain, serait sans doute plus sensible à un parcours mixte sportif business et j'ai intégré le groupe en 99. J'y ai passé 14 ans, j'ai travaillé au début à Paris sur les financements structurés. Ensuite, je suis allé aux États-Unis pendant 3 ans et demi ou je travaillais à la fois à Stamford, sur la côte est dans la partie Private Equity avant d'aller à Chicago par la suite ou j'étais dans l'équipe de fusions-acquisitions.
Je suis ensuite allé à Londres en 2005 pour monter une activité de financements de LBO dans le domaine de la santé jusqu'à la crise financière et pendant la crise financière comme il n'y avait plus d'activité de LBO. J'ai pris un rôle un peu différent, j'ai travaillé sur des relations avec les gouvernements, sur des programmes de restructuration de financement également. En fait, pendant 18 mois en pleine crise financière, il y avait beaucoup de sujets de restructuration avec des gouvernements, de recherches de solutions avec les entreprises privées c'était des projets assez passionnants. Ils m'ont confié par la suite la responsabilité commerciale de toute leur activité de financement mid-Market pour GE Capital Bank UK. J'avais la responsabilité d'une équipe de 240 personnes à travers l'Europe avec des projets de financements très variés, financements structurés, financement d'équipements, de stocks, de flotte automobiles etc... J'ai fait cela pendant 3 ans et demi puis j'ai eu envie de changer -a une époque où le groupe GE a pris la décision de réduire la voilure dans les activités financières- et regardé un petit peu en externe ce qu'il y avait comme opportunité à l'époque. J'ai toujours souhaité travailler sur le buy-side et c'était l'occasion idéale de franchir le pas.
J'ai contacté un certain nombres de groupes d'Asset Management, de sociétés de gestion et à l'époque, BlackRock cherchait à monter une activité liée à la dette privée. J'ai préparé le business plan pour monter cette activité chez eux. Je leur ai présenté, ils ont été séduits par le projet et donc j'ai décidé de rejoindre BlackRock. Cela fait maintenant 7 ans que je suis chez BlackRock. On a une petite équipe d'une vingtaine de personnes et on est en train de devenir l'un des leaders du marché en Europe sur le financement de la dette privée. On est en train de d'investir notre 3e fond.
FD : Qu'est-ce qui vous passionne tous les jours quand vous vous levez, que vous allez travailler ?
SC : Plusieurs choses, je pense d'abord, c'est le fait que c'est un projet très entrepreneurial. Quand on est arrivé, il y avait une feuille blanche, il a fallu monter cette activité, donc c'est vraiment très entrepreneurial mais au sein d'un grand groupe qui vous donne les moyens pour développer cette activité, donc ça dé-risque un petit peu le projet.
Deuxièmement, l'équipe avec laquelle je travaille, je l'ai entièrement constituée, donc j'ai beaucoup de plaisir à travailler avec des gens que j'ai choisi. Troisièmement, ce sont les valeurs du groupe BlackRock. C'est un groupe très performant leader mondial de la gestion des actifs et des risques, et surtout avec des valeurs fortes. C'est très orienté client, très humain. Les gens travaillent dans le même sens, avec un partage de connaissances et c'est un véritable travail d'équipe qui est très valorisé en interne aussi. Il y a le côté méritocratie mais sans mettre en avant certains plus que d'autres qui performent très bien pour éviter les conflits d'égos, ils sont valorisés évidemment mais reconnus comme les autres.
Il y a un gros focus en ce moment sur le développement durable et la justice sociale, là aussi, ce sont des valeurs importantes auxquelles je suis sensible.
Pour résumer : Le projet est passionnant, l'équipe est très performante et donc tout ce mix donne de la bonne humeur au travail -). On a de bons résultats, donc, on a fait évoluer notre plan de marche. On a vraiment eu une performance exceptionnelle depuis qu'on a lancé la plateforme. Quant à la performance de nos fonds : 3 fonds et pendant une période de crise, ce n'est jamais évident. En fait, on a traversé la crise sans difficultés . Evidemment on a peu de données sur la performance de nos concurrents parce que ce sont des marchés privés. Mais il semblerait qu'on ait une des meilleures performances sur le marché et donc ça, c'est extrêmement valorisant aussi pour l'équipe.
FD : Si on vous disait, revenez travailler en France ?
SC : Tout d'abord, je pense que la qualité de vie est formidable en France, on a un cadre de vie qui est de qualité, on a tendance à l'oublier, d'ailleurs je pense qu'on l'apprécie quand on vit à l'étranger. C'est vrai que les Français râlent toujours mais il y a un côté que j'aime particulièrement en France, c'est la créativité, même si on est beaucoup dans la réflexion et le débat, parfois un peu trop d'ailleurs, c'est pas toujours très rapide au niveau de la décision -).
La France est un pays que j'adore j'y retourne tout le temps pour les vacances en famille et je passerai sans doute une grande partie de ma retraite en France. Maintenant pour le travail, il se trouve que Londres est un peu la place financière avec tout l'écosystème qui va avec, l'essentiel de nos effectifs et de notre activité est en Angleterre. Et c'est plus facile pour moi de travailler ici. Si un jour il y avait une belle opportunité de travailler en France, pourquoi pas ?
FD : Vous avez été sportif de très haut niveau. Qu'est-ce qui vous sert en fait tous les jours, quelles sont les valeurs du sport qui vous servent, qui vous ont servi, où qui vous ont permis de pas vous décourager quelles que soient les situations ?
SC : Le sport c'est une boîte à outils en fait, dans laquelle on peut puiser à différents moments. Quand j'ai démarré ma carrière, c'était notamment des notions de travail d'équipe, de fixer des objectifs, d'être concentré sur cet objectif, d'avoir du feedback et en évoluant, c'était plutôt la notion de donner du feedback, d'apprécier la notion de dynamique d'équipe et de se constituer une équipe pour qu'elle interagisse de manière optimale.
La gestion de l'échec aussi me sert souvent parce que l'échec, on le vit beaucoup sur le plan sportif, on en parle peu. On parle souvent des histoires de réussites des sportifs....Mais en fait, je pense qu'on on gère plus facilement l'échec quand on est sportif, on a sans doute une grande résilience.
La capacité à analyser et puis à redéfinir les pourquoi, le comment, c'est au quotidien dans le sport pour savoir rebondir sur ses échecs. Et ça, ça aide beaucoup. En ce moment, j'interviens beaucoup auprès de nos équipes sur les notions de gestion du stress également. Je pense que c'est un thème sur lequel on est tous exposés, la crise sanitaire, en particulier expose à cette fragilité: au niveau des individus mais au niveau des entreprises aussi. Et je pense que de plus en plus, c'est important de prendre soin de soi, de prendre soin de sa santé. Et c'est vrai qu'en tant que sportif, je pense qu'on a des réflexes qui qui sont très utiles. D'abord des choses qu'on a appris au plus haut niveau, pour arriver à accéder à un niveau olympique, il faut apprendre à gérer son stress parce qu'en terme de stress, c'est énorme avec la pression des médias, les attentes du public et parfois d'une nation toute entière qui espère toujours plus de médailles. J'essaie de partager un petit peu certains outils que j'ai acquis sur le plan sportif auprès des salariés, auprès de mes collaborateurs. Aujourd'hui on a aussi accès à beaucoup de choses qui n'existaient pas avant comme des cours de méditation et différentes Applis etc.
Il faut sensibiliser les gens à ça, il faut les sensibiliser aussi au fait de de prendre soin de son corps, et ça, on s'en rend compte quand on fait du sport, quand on fait une pratique physique régulière, on est beaucoup mieux dans sa peau et ça permet de gérer le stress. Ça permet aussi de d'avoir une carrière dans la durée. Une carrière professionnelle, c'est long versus une carrière sportive -) C'est beaucoup plus long et donc je pense qu'effectivement il faut apprendre à gérer cette carrière avec des objectifs et un plan de carrière à très long terme et avoir cette boîte à outils qu'on a acquis dans le domaine du sport, ça peut être utile dans ce contexte-là également.
FD : On va faire un webinaire ensemble, le 20 janvier. On va parler de mental. Vous pouvez nous dire 2/3 petits mots sur ce qu'on va aborder ce jour-là ?
SC : Il y a plusieurs sujets qui sont importants. Tout d'abord comme on l'a dit tout à l'heure, la notion de de résilience mentale car c'est quelque chose maintenant, qui est perçue comme un élément important en fait dans la gestion de carrière. Enfin, dans une carrière professionnelle, je pense qu'avant, on était beaucoup axé sur les Skills et sur l'acquisition de connaissances, de savoir-faire. Et je pense que maintenant, on accepte l'idée que l'équilibre psychologique, le bien être, la santé, toutes ces choses-là, c'est important et la résilience, ça en fait partie, c'est important de développer des outils qui permettent d'avoir cette résilience.
Il y a des choses qu'on a développé en tant que sportif pour la relaxation avant une grande compétition. Donc on vous apprend des techniques de contrôle de la respiration, de méditation de visualisation et ça, c'est vrai que c'est bien de pouvoir le pratiquer avant une journée de travail ou après sa journée de travail comme de faire redescendre son niveau cardiaque à niveau normal et surtout relaxer son esprit, arriver à évacuer tout le stress et tous les problèmes qu'on a rencontré dans la journée : il y a des techniques pour ça. Souvent on ne réalise pas qu'il y a des solutions pour pouvoir gérer le stress. Le stress, c'est une bonne chose quand on le maîtrise, mais ça peut se retourner contre soi quand on ne le maîtrise pas et donc effectivement, tout le principe de ces outils, c'est d'essayer de le contrôler.
Donc on va parler un petit peu de ça, on va parler un petit peu de ces outils qui existent pour maîtriser le stress, on va parler de la manière de gérer les échecs. C'est important de savoir comment on peut gérer les échecs ....Pas mal de sujets intéressants à aborder.
FD : Qu'est-ce que vous avez comme souvenir de l'ISG que vous aimeriez partager ?
SC : Tout d'abord c'était des très bonnes années. J'ai fait des rencontres formidables. Il y avait une communauté d'étudiants qui était très orienté à l'époque de ce que je m'en souviens et j'espère que c'est toujours pareil, sur l'entreprenariat et cela me plaisait beaucoup.
Il y avait des associations, c'est vrai que je n'avais pas beaucoup de temps avec la natation mais j'ai pris le temps quand même de participer à des associations. Je faisais partie d'une association qui s'appelait Forum Finance, j'avais l'idée de travailler dans la finance déjà. On était plusieurs passionnés et quand je vois le parcours des gens qui étaient avec moi dans ce groupe, ils ont tous des supers parcours dans le milieu de la finance. Je me souviens du journal qu'on publiait toutes les semaines, c'était quand même assez intensif, assez lourd à faire. Toutes les semaines on publiait, on le distribuait à des directeurs financiers, ça nous a sensibilisés à la rigueur qu'il faut avoir dans le milieu du travail. Ça nous exposait déjà au monde professionnel très tôt. Donc voilà, pour moi, c'est le meilleur souvenir que j'en garde. En fait, c'était tout ce côté associatif qui était vraiment très ancré et qui a permis à beaucoup d'étudiants de faire la passerelle ensuite, entre les études et le monde professionnel
Par ailleurs il y a aussi toutes les rencontres qu'on a fait à l'école, à l'époque, je ne sais pas si c'est toujours le cas, il y avait beaucoup de soirées, moi les soirées, malheureusement je n'ai pas beaucoup pu en profiter parce que c'était une époque où je m'entraînais énormément. Mais on sentait qu'il y avait un côté aussi festif et c'est important à cet âge. C'était profiter de la vie en plus de faire ses études. Je garde un très bon souvenir de l'école !
Merci Stephan !
L'équipe d'ISG Alumni
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