PORTRAIT D'ALUMNI : ANTOINE SENTIS, ISG PROMO 2010, AUTEUR/METTEUR EN SCENE RELATIONSHIT : LE SPECTACLE QUI DEVOILE LES VERITES CACHEES DE L'ENTREPRISE !

Florence : Bonjour Antoine, peux-tu nous parlons de ton parcours depuis que tu es sorti de l'ISG ?

Antoine Sentis : Bonjour Florence, après l'ISG, j'ai passé 10 ans chez EBP, un éditeur de logiciels de gestion. J'y ai évolué du commerce au marketing, du terrain au management. En tant que Directeur Marketing, j'ai eu la chance de contribuer à la transformation digitale et au repositionnement stratégique de l'entreprise, dans un contexte de bouleversements avec l'avènement du SaaS et l'arrivée de nouveaux acteurs comme Payfit, Silae, Quickbooks ou Pennylane.

En 2021, j'ai décidé de voler de mes propres ailes. Cette aventure m'a mené à découvrir le théâtre, à suivre les cours Florent, et à développer une activité de coach et de formateur.

FD :Tu es coach et formateur, et aujourd'hui, après ton passage au cours Florent, tu continues de mettre l'humain au centre. D'où te vient cette passion ?

AS : Quand tu commences à manager, tu réalises que tes "drivers", ton langage, ne sont pas ceux de tes collaborateurs. Ce qui marche pour toi ne fonctionne pas nécessairement pour les autres.  C’est une évidence mais tu t’aperçois que manager ne s’improvise pas et que tu peux très vite être à coté de tes pompes, que ta parole n’est pas efficace… pire elle démotive.

J'ai aussi traversé une rupture professionnelle difficile. Cette expérience m'a marquée : flou dans la vision, manque de clarté dans la communication… Quand la confiance s'effrite, tout peut s'effondrer très vite.

Le point positif, c'est que cette épreuve a fait naître une vraie vocation : coacher les managers et dirigeants à clarifier leurs intentions, préciser leur message à gagner en impact par une parole vraie.

FD : Tu montes un spectacle autour de thèmes sociétaux. Peux-tu nous en dire plus ?

AS : Mon spectacle explore des thématiques très actuelles, comme la communication (non-dits, manipulation) et les injonctions omniprésentes au sein des organisations : à l'agilité, à la bienveillance, à la performance, ou encore au bonheur. Ces injonctions, aussi bien intentionnées soient elles, finissent toujours par créer des refoulements. Et qui dit refoulement, dit aveuglement.

Prenons un exemple : sous prétexte de collaboration horizontale, les responsabilités deviennent floues, les décisions conflictuelles, et tout problème est attribué à un manque de "vraie agilité". Cette incapacité à reconnaître les limites d'une vertu est fascinante… et absurde. On est dans du pur Molière : l'aveuglement et l'absence de remise en question. Et, malgré de bonnes intentions, les pires comportements émergent : manipulation, bullshit.

À l'échelle individuelle, cela se traduit par des masques sociaux : on projette une image idéalisée, souvent en phase avec les valeurs de l'entreprise. Mais quand la vérité éclate, le malaise est inévitable.

Dans RELATIONSHIT , ces contradictions explosent ! Les zones d'ombre refoulées s'effondrent, et la lumière jaillit. Et c'est là toute la beauté du théâtre : il révèle ce qu'on cache, avec intensité.

FD : En quoi l'ISG et les Cours Florent t'ont-ils donné des atouts complémentaires pour imaginer ce projet ?

AS : L'ISG et les cours Florent ont en commun une grande place laissée à la créativité et à l'autonomie. Ces deux qualités sont essentielles, que ce soit pour entreprendre ou pour créer artistiquement.

Un exemple marquant, c'est le concept de la "carte blanche". Que ce soit à l'ISG ou aux cours Florent, on te donne la possibilité de traiter un sujet de ton choix, avec le ton et le format que tu veux. C’est abyssal, déstabilisant et inconfortable mais tellement formateur de savoir retomber sur ces pates (ou pas) ! 

FD : Quels sont, à ton avis, les sujets sensibles abordés dans ton spectacle, et comment y réponds tu ?

AS : Le cœur du sujet, c'est la relation humaine. D'où le titre RELATIONSHIT . L'idée est simple : : La relation d’abord et l’intendance suivra. . Mais dans les faits, on fait souvent l'inverse. On se focalise sur des problèmes superficiels, sans traiter la véritable cause, qui est toujours relationnelle. Et on se trouve des excuses.

Mon objectif, c'est de provoquer une prise de conscience en offrant un miroir. Oui, le spectateur va se reconnaître, (et se faire manipuler par les personnages). Mais c'est voulu ! Je n'ai rien inventé : tout ce qui est dans la pièce vient de mes observations en tant que manager et formateur.

J'espère que cette prise de conscience déclenchera un déclic pour laisser plus de place à L’AUTRE. C’est ça le leadership. Je reconnais c’est dur,  notre ego prend tellement de place.

FD : Enfin, aurais tu un ou deux souvenirs marquants de tes années ISG à partager avec nous ?

AS : Deux souvenirs me viennent tout de suite en tête.

Le week-end d'intégration, où toute la promo était déguisée en Grecs antiques : toges pour les étudiants, et Zeus ou Poséidon pour les membres du BDE. Une ambiance incroyable, et déjà un goût pour le spectacle !

Et puis, il y avait les grands exposés en prépa intégré. Le principe ? Monter sur scène devant toute la promo pour traiter un sujet libre de manière originale. Ces moments étaient à la fois hilarants et formateurs.

Merci Antoine pour cet échange inspirant ! 

Florence