PORTRAIT D'ALUMNI ANNE-SOPHIE PIC, ISG 92, UNE CHEFFE PLUS QU'ETOILEE DANS LE MONDE ENTIER QUI SE REINVENTE CONSTAMMENT !

Florence Delsaux :  Bonjour Anne-Sophie vous avez fait l’ISG, vous destinant pas forcément à reprendre de suite la maison Pic pouvez vous nous parler de votre parcours qui vous a amenée à reprendre la maison Familiale avec David ?

Anne-Sophie Pic : Bonjour Florence, le déclic m’est venu au terme de mon stage de troisième année qui s’est déroulé au sein de la Maison Moët-Hennessy. Mon maître de stage m’a simplement posé la question suivante « Pourquoi souhaitez-vous travailler pour l’une de nos marques (LVMH) alors que vous êtes vous-même à la tête de votre propre marque ?

Cette question a suffit à me convaincre que ma place était chez moi à Valence aux côtés de mon père. Malheureusement, trois mois plus tard, mon père décédait brutalement nous laissant seuls avec David face à notre propre destin à seulement 22 ans...

FD : Vous êtes aujourd’hui et depuis de nombreuses années la cheffe la plus étoilée, qu’elle est la passion qui vous anime chaque jour ?

ASP : Nul doute que c’est la création. David et moi avons un partage des rôles bien défini. David dirige le groupe et j’en assure quant à moi la direction artistique. Nous avons mis en place un mode de fonctionnement où toute la partie R&D se déroule à Valence dans un espace dédié avec une équipe qui se consacre avec moi exclusivement à la création. Cette équipe accueille chaque semaine le chef d’un de nos restaurants pour construire avec lui la trame aromatique et les structures de carte des restaurants. Cela permet de garder une cohérence entre chacune de nos tables et pour moi un univers d’expression propre à chaque terroir.

FD : Vous vous réinventez toujours, êtes précurseur avec l'exemple du lancement du Food Truck PIC,  avec Daily Pic, faire que la gastronomie soit à la portée de tous est un de vos leitmotiv en plus de la haute gastronomie, pourquoi ces choix ?

ASP : Au-delà de notre expertise en haute gastronomie, David et moi nous consacrons, depuis nos débuts, à rendre la gastronomie accessible. Cet exercice, parfois périlleux, nous oblige à imaginer des modèles de restauration pour tous. Nous essayons à notre modeste niveau de tenter de lutter contre la malbouffe et les ravages qu’elle peut entrainer sur la population et notamment les plus jeunes. Dans un contexte inflationniste, l’exercice devient plus complexe car la notion de prix peut l’emporter sur la qualité.

FD: Vos restaurants sont tous reconnus dans le monde entier de la gastronomie et des consommateurs vous êtes l'un des plus beaux exemple de la gastronomie française quel est votre secret ?

ASP : Il n’y a qu’une recette : la qualité des femmes et des hommes qui évoluent à nos côtés. Sans eux, pas de réussite...

FD : On vous voit souvent à la recherche de nouveau produits, proche de fabricants locaux, visiter des vignobles, des cultivateurs,  pourquoi est- ce important pour vous d être toujours au contact avec le produit ?

ASP : Le produit est la base de mon métier et ma curiosité est insatiable. Je ne me lasse pas de chercher de nouveaux producteurs, en France mais aussi dans le monde entier. Ce sont des rencontres souvent incroyables qui nourrissent ma créativité.

FD : Enfin auriez vous un souvenir de l'ISG que vous souhaitez partager avec nous ?

ASP : Mon premier gratin dauphinois à Tokyo durant mon passage à l’ISG Tokyo en 1990, un soir, avec quelques amis de ma promotion, où rien n'a fonctionné comme prévu !! Les ingrédients étaient trop différents de nos produits français.

Seuls les conseils avisés de mon père en direct au téléphone m’ont permis de sauver l’honneur de la cuisine française !!

Merci Anne-Sophie pour cet échange ! 

Florence