PORTRAIT D'ALUMNI : ARNAUD BACHELET, ISG PROMO 94 ET GLOBAL CHIEF INFORMATION SECURITY OFFICER @CHANEL UK REVIENT SUR SON PARCOURS ET LES ENFEUX DE SON METIER ! ET COMME IL LE DIR "MA MEILLEURE DECISION POUR TRAVAILLER A L'INTERNATIONAL ? PRENDRE UN ALLER

Florence Delsaux : Bonjour Arnaud pouvez vous nous parler de votre carrière depuis votre sortie de l'ISG ?

Arnaud Bachelet : A la fin de mes études à l'ISG, je ne savais pas exactement ce que je voulais faire. J'avais beaucoup apprécié ma deuxième année comme membre de la Junior Entreprise, mais ma troisième année passée à l'armée dans le cadre de mon service militaire m'avait un peu déconnecté. Mon seul désir à ce stade était d'avoir une carrière internationale. J'ai commencé par deux année dans l'assurance et ai pris la meilleure décision de ma vie. Donner ma démission et prendre un ticket aller simple pour Dublin afin d'apprendre l'anglais professionnel. Cela m'a permis de trouver un emploi au sein d'un grand groupe d'assurance anglo-saxon et m'a mis le pied à l'étrier pour construire une carrière hors de France. En 2008, mon employeur à cette époque, GE Capital, m'a offert la possibilité de me transférer à Londres où je suis toujours basé en tant que Global CISO (Chief Information Security Officer) au sein du headquarter de la Maison CHANEL.

FD : Vous travaillez à Londres en tant que Global Chief Information  Secutity Officier, pouvez vous nous parler de ce métier et des enjeux qui en découlent ?

AB : Le rôle de Global CISO nécessite une double compétence Business et technique afin d'être en mesure de simplifier des problématiques complexes et de proposer les bonnes solutions aux membres du comité de direction et ainsi leurs permettre de déterminer le niveau de "Risk appetite" qu'ils souhaitent avoir. C'est un métier passionnant où l'on apprend tous les jours mais qui nécessite également une bonne résistance au stress et une disponibilité de tous les instants. Je fais partie d'un nouvelle génération de CISO qui viennent du Business et ont acquis des compétences techniques durant leurs carrière au lieu du modèle traditionnel où des ingénieurs de formation occupaient ce rôle. C'est selon moi, une preuve supplémentaire de la digitalisation de l'entreprise où tous les rôles comportent de plus en plus une composante technique qu'une personne issue du Business se doit de maitriser.

FD : Quels sont les principaux défis pout Chanel à relever au niveau de la sécurité des data ?

AB : Comme la plupart des grandes maisons du luxe, nous sommes très vigilants à notre "Brand equity" (notre réputation en bon Français). Le monde des Hackers l'a très bien compris et nous sommes donc une cible de choix. Cet état de fait nécessite une mise à niveau permanente de nos People/Process/Technology afin de conserver cette longueur d'avance face à la menace et protéger nos données critiques (Données personnelles de nos clients/Employés, données de secret industriel, données financières).

FD : Vous travaillez pour une marque qui fait rêver beaucoup , en quoi Chanel est une marque à part et que donneriez vous comme conseils à un jeune diplômé qui souhaite intégrer cette belle maison ?

AB : Le premier différenciateur pour comprendre CHANEL est le fait qu'il s'agit d'une société non-cotée en bourse. Cet état de fait, très rare de nos jours, permet une approche de la performance et des objectifs de l'entreprise sur le très long terme à contrario des société cotées qui doivent communiquer leurs résultats de façon trimestrielle. C'est une différence fondamentale qui a contribuée, selon moi, à l'incroyable développement de la marque dans le monde ces dernières années. J'ai aussi remarqué un investissement personnel des employés bien supérieur à ce que j'ai vu au sein des autres sociétés  où j'ai fais carrière. C'est selon moi, le résultat de cette volonté d'excellence dans tout ce que nous faisons et la magie de la marque. Pour nous rejoindre, il faut être curieux, volontaire et prêt à relever des défis (incluant une formation continue durant leurs carrière qui peut les amener à changer totalement de métier - A titre informatif, j'ai travaillé depuis le début de la carrière dans la vente, le marketing, la Finance, la gestion de risques, l'informatique et la sécurité des données)

FD : Pourriez vous nous parler de la business étiquette à Londres et les atouts majeurs professionnels et personnels qui sont les plus importants pour y travailler ?

AB : Le monde du travail anglo-saxon, même si géographiquement très proche de la France, comporte des différences culturelles fortes. A titre d'anecdote, lors de ma première revue de performance annuelle à Dublin, mon Manager a divisé mon Bonus par deux et m'a envoyé en formation sur "l'organisation et la gestion des priorités" car je restais au bureau beaucoup plus tard le soir que mes collègues (en bon Français, pour montrer ma motivation et mon investissement au sein de la société). A Londres, lors du recrutement, nous mettons par exemple beaucoup plus l'accent sur la capacité des gens "à faire" au lieu de se focaliser sur "ce qu'ils ont fait" dans le passé. Le principe méritocratique est également plus fort, selon moi, et la dynamique du marché du travail est supérieure (en raison de la capacité pour l'employeur de mettre fin à un contrat de travail rapidement). Cela permet probablement de donner sa chance à plus de profils décalés (lorsque je travaillais dans le Leverage Finance, le Directeur en charge trading avait eu comme formation Chef d'orchestre...) avec des cycles de recrutement ultra courts comparés à la France.

FD : Enfin auriez vous un souvenir ou deux de vos années ISG à partager avec nous ?

AB : Le séminaire d'intégration où j'ai lié beaucoup de connaissances qui m'ont suivi durant mes 3 années et au-delà pour se transformer en amitiés (je suis encore en contact avec certaines personnes de ma promo).

Ma seconde année à la Junior entreprise où j'ai bénéficié de l'approche pratique de l'ISG qui m'a beaucoup aidée à me construire professionnellement (me donnant de la flexibilité sur certains cours pour mener à bien mes projets au sein de la JE). 

Merci Arnaud pour cet échange riche et inspirant !

Florence