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PORTRAIT D'ALUMNI : ASHLEY RECANATI, ISG PROMO 2002, MANAGING DIRECTOR @APAC CHINE ET AUTEUR DE : AI BATTLE ROYALE : How to protect your job from disruption.

29 août 2023 Association
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Florence Delsaux : Bonjour Ashley, tu es diplômé de l’ISG depuis 2002, peux tu nous parler de ta carrière depuis ta sortie de l’ISG ?

 

Ashley Recanati : J’ai commencé à travailler en France, tout en cherchant activement un V.I.E., mais en vain. Du coup en 2005 je pris la résolution de tout arrêter et m’inscrire pour un semestre de mandarin à Pékin, dans l’idée de chercher un job sur place dans le pays alors en plein boom. J’avais 5,000 Euros d’économies, et déjà rien que les frais de scolarité taillaient 40% de ces réserves. Huit mois plus tard (et un mois avant que d’épuiser mes ressources), j'ai décroché un V.I.E. dans le Zhejiang, suivi d’un poste à Shanghai, pour enfin obtenir la direction générale d’une PME en 2011. J’avais 32 ans. J’ai depuis grandi avec cette entreprise, dont je gère actuellement la zone Asie-Pacifique.

 

 

FD : Ta carrière est résolument internationale, tu es toi-même Franco/Américain, le choix d’une carrière internationale était il une évidence pour toi et pourquoi ?

 

AR : Oui car je suis arrivé en France contre mon gré à l’âge de 10 ans, sans savoir combien de temps j’allais devoir y rester. Deux années en fac de droit m’ont convaincu du besoin de trouver une voie plus ouverte sur l’international, et c’est à ce moment que j’ai découvert l’ISG.

L’année ISG passée à l’étranger, ça donne la bougeotte. De retour en France, une fois bien établi avec un job stable, un choix s’est imposé : y rester jusqu’à la retraite, ou partir à l’aventure. Pour moi il n’y avait guère d’hésitation.

 

 

FD : Tu as travaillé pour de grands groupes notamment LVMH en Chine où tu résides depuis de nombreuses années, puis tu as effectué un tournant vers une entreprise de taille intermédiaire, pourquoi ce choix ?

 

AR : Je souhaitais goûter à la direction générale où l’on touche un peu à tout, mais ma carrière s'enlisait en finance et je craignais que le label de contrôleur financier ne s’imprègne de manière irréversible. D’où le fait que j’ai bondi sur la première occasion de manager une boîte plus petite. Mes nouveaux patrons appréciaient mon expérience acquise dans un grand groupe. Ce n’est qu’en rétrospective que l’on constate à quel point chaque expérience passée représente un « stepping stone » pour l’avenir.

 

 

FD : Tu viens d’écrire un livre sur l’IA, peux tu nous parler du choix du titre et plus particulièrement des enjeux à relever selon toi en ce domaine ?

 

AR : Tu conviendras qu’on subit actuellement une overdose de livres sur l’IA, traitant soit de problèmes sociétaux et de comment l’Etat pourrait les résoudre, soit de comment les managers peuvent exploiter l’IA et la Data. Or curieusement, on ne trouve aucun guide concret pour les employés, alors même qu’ils seront soumis à rude épreuve.

Ce livre focalise sur le bouleversement du travail suscité par l’IA, la Réalité Augmentée, etc. A mesure qu’elles se démocratisent, ces technologies vont accélérer le dégonflement déjà entamé de la classe moyenne, engendrant une concurrence accrue pour les rares jobs bien rémunérés. D’où le titre : AI Battle Royale. L’approche se veut foncièrement pragmatique, avec des mesures que l’employé peut actionner dans son environnement de travail pour percer.

 

 

FD : Chaque pays a ses us et coutumes, peux-tu nous parler du business en Chine et plus particulièrement de la place de l’intelligence artificielle dans le business en Chine ?

 

AR : Les chinois sont davantage ouverts que les français aux nouvelles technologies, mais ils manquent de créativité. Les causes sont à chercher tant du côté du système éducatif que de l’homogénéité culturelle et de l’impact de la politique de l’enfant unique.

Il y a longtemps que la Big Tech étrangère est tenue à l’écart ici, mais à présent que l’IA et la Big Data se démocratisent, on assiste à un découplage plus général qui inquiète fortement le milieu des affaires. Les multinationales voient la gestion de leur logistique et de leurs données en temps réel menacées par le morcèlement des data dans des pools nationaux.

La Chine est un pays de zones grises, ce qui peut être très frustrant pour des Occidentaux. Exemple de contradictions : d’un côté on dépense sans compter pour devenir leader mondial en IA, de l’autre on castre ses propres champions. Tant en ce qui concerne l’hébergement de la Data que l’accueil fait aux entreprises étrangères, voire l’entrepreneuriat tout court, la direction du pays n’est pas claire. C’est cette incertitude qui pèse.

 

 

FD : Enfin aurais tu un souvenir à partager avec nous sur tes années à l’ISG et les enseignements que cela t’a apporté ?

 

AR : Je me rappelle qu’on nous rabâchait être « les leaders de demain », ce qui peut prêter à sourire quand on a vingt ans. Il faut du temps aux graines pour germer et mûrir, mais quand on regarde ensuite les rôles occupés par sa cohorte, qu’on croise d’autres Alumni au cours de sa vie professionnelle, on réalise alors le sens de l’expression.

Je me souviens encore d'un test de dissertation dans un cours d’affaires internationales, qui de mémoire tenait en un seul mot : « Oser ».

En fin de journée, chacun est responsable de sa propre éducation. Mais si l’ISG inculque bien quelque chose, c’est une ouverture d’esprit, l’appréciation d’un monde de contrastes, ainsi qu’une foi en soi. Soit les clés pour oser l’aventure.

 

Merci Ashley ! 

 

Florence 

 

 




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