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PORTRAIT D'ALUMNI : ALEXIS VAILLANT, ISG 2004, FONDATEUR D'ALTERFOOD, ENTREPRISE ENGAGEE POUR UNE ALIMENTATION RESPONSABLE ISSUE DE PRODUITS DE PME FRANCAISES !
Florence Delsaux : Bonjour Alexis, pouvez-vous nous parler de votre parcours depuis votre sortie de l’ISG et de la raison qui vous a donné l’envie de créer Alterfood ?
Alexis Vaillant : Bonjour Florence, deux ans après ma sortie de l’ISG j’ai créé Alterfood : il s’agit avant tout d’une entreprise à mission et engagée pour une alimentation responsable.
Cette aventure commence par l'envie de faire du business à impact positif mais j’avais aussi envie de de me servir de mes qualités intrinsèques, et notamment de mon appétence pour le commerce et le business, pour faire quelque chose de bien, que ce soit pour l'Homme, d'un point de vue nutritionnel ou pour la planète avec une meilleure exploitation des ressources. Comme je suis passionné par l’alimentaire, il m’était évident d’agir dans ce secteur.
FD : Vous fonctionnez principalement avec du bio il me semble ?
AV : Oui, 90% de nos produits sont bio, issus du circuit court national. De plus, 75% de nos produits sont français, et nous produisons également un peu en Europe, notamment en Allemagne. Mais effectivement, nous avons mis en place des systèmes, notamment en Provence ainsi que dans le Languedoc Roussillon où nous avons investi dans des usines de fabrication qui sont à proximité des terres et des agriculteurs avoisinants afin d’embouteiller directement et facilement nos produits, qu’il s’agisse de nos soupes ou de nos jus de fruits.
Cette proximité entre le lieu de production des ingrédients et celui de fabrication des produits nous permet d’être vraiment local et c’est un système de fonctionnement assez vertueux.
FD : Quel est le secteur qui fonctionne le mieux, est-ce plutôt le secteur du jus de fruit ou celui de la soupe ?
AV : Actuellement, c'est le secteur soupe qui fonctionne le mieux avec la marque Marcel Bio. Principalement parce que nous maîtrisons toute la chaîne, mais aussi parce que nous avons beaucoup investi sur la partie légumes. Nous avons des partenariats avec tous les acteurs du secteur avoisinant, notamment avec une ferme qui s'appelle la Ferme du Cantou chez qui nous sourcons une grande partie de nos légumes et nous avons aussi pas mal d'agriculteurs partenaires.
Ce sont des produits qui plaisent énormément, qui sont en vente dans toute la grande distribution française et qui performent bien. Nous avons également une activité dans les cafés, les hôtels et les restaurants où nous vendons énormément de sodas sous la marque Leamo et de thés glacés sous la marque Tensaï Tea. Nos produits sont très peu sucrés et bio et ils rencontrent, en effet, un grand succès dans les restaurants.
FD : Est-ce que la tendance végétarienne et végane qui est très présente depuis quelques années vous a aidé dans la montée du chiffre d'affaires ou dans la volonté de diversifier vos produits ?
AV : Oui, on peut dire qu’il y a un mouvement de fond. Cela fait 13 ans qu'on fait ça, donc nous sommes à la fois alignés mais nous avons aussi participé à alimenter ce mouvement d'un côté et de l'autre côté.
Bien évidemment que nous en bénéficions, mais on bénéficie plutôt d'un changement global du côté des codes de la consommation, qui devient potentiellement plus raisonnée, les gens sont notamment plus soucieux de leur santé. Et effectivement, nos produits conviennent aux végétariens car nous avons développé des produits à base de fruits et de légumes et nous ne touchons pas à la matière animale. Cela fait partie de l’ADN de notre entreprise. Néanmoins, nos produits sont tout aussi bien consommés par les végétariens que par les flexitariens ou autres, nous souhaitons en effet que nos produits s'adressent à tous. Cette tendance végétarienne/végan contribue effectivement au développement de l’entreprise. Même s’il y a une plus grosse partie de la population qui est flexitarienne, on contribue tout de même à leur apporter des alternatives de consommation responsable et flexitarienne, je pense notamment à nos soupes. Nos produits sont d’ailleurs référencés sur Yuka.
FD : Vous ne distribuez qu'en France où vous distribuez ailleurs ?
AV : Alors majoritairement on distribue en France mais également au Benelux depuis 2010. Dernièrement cette année, nous nous exportons aussi en Espagne, en Italie, donc nous commençons un peu à nous développer à l'international, mais cela reste très limité. Nous demeurons tout de même une entreprise très focalisée sur le marché français.
FD : Je pensais notamment au marché hollandais qui est très axé fruits et légumes, êtes-vous présents là-bas ?
AV : Oui, nous travaillons effectivement avec les Pays-Bas mais le problème du marché hollandais est qu’il s’agit d’un marché qui est très compétitif, très orienté sur les prix et alignés avec le marché allemand. Pour une entreprise comme nous, il est donc assez difficile de se développer sur de tels marchés, qui de plus sont très saturés.
FD : Quels sont pour vous aujourd'hui les enjeux dans votre métier actuel et à venir ?
AV : De manière générale, notre enjeu est d'assurer la pérennité financière de nos entreprises parce que vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes secoués par une crise, notamment une crise énergétique. Celle-ci impacte énormément à la fois nos coûts de structure, nos coûts de production, les coûts de nos emballages et même les coûts de production de nos matières. Nous faisons donc face à un véritable défi autour de l'énergie. En parallèle, nous devons également essayer de limiter au maximum l'impact de l'inflation sur nos prix finaux. Nous devons également veiller à faire très attention à ne pas atteindre certains seuils psychologiques au niveau des prix, ce qui entrainerait une espèce de phénomène de déconsommation sur nos produits, du fait d'un dé-positionnement prix.
FD : Dans le panier d’un ménage moyen, à combien estimez-vous à peu près votre consommation ?
AV : Je dirais environ 20%, parce qu’on est une marque qui s'adresse quand même aux CSP+, c’est-à-dire avec un pouvoir d’achat assez élevé. Nos produits ne sont en effet pas essentiels, il s’agit plutôt de bons produits qu’on achète pour se faire plaisir.
FD : Donc la notion de plaisir est importante dans vos produits ?
AV : Elle est incontournable, parce que j'estime que l'alimentaire est un métier de bouche, qu'on consomme bien évidemment pour se nourrir et qu'on est ravi d'avoir des produits qui sont bons pour la santé et aussi locaux. Je crois que c’est avant tout un plaisir que de s'alimenter.
FD : Avec la crise du COVID, on a vu de plus en plus de commandes en ligne et les gens s'intéressaient de plus en plus au fait de se nourrir bien, de faire du fait-maison ou alors d'acheter des produits un peu plus écoresponsables. Est-ce que cette crise vous a été bénéfique ?
AV : Oui, mais nous sommes un peu dans une situation paradoxale, qui est que le français a envie de mieux consommer mais n'est pas toujours prêt à y mettre le prix. Pourtant, consommer mieux dit accepter un prix un peu plus cher pour à la fois avoir des produits de meilleure qualité, mais également pour avoir des produits qui respectent au mieux la chaîne de production et qui valorisent l'ensemble des acteurs de la chaîne.
Les consommateurs y accordent une grande importance, et pourtant, dans les actes d'achat les produits les plus vendus en France restent toujours ceux des multinationales, qui ne sont pas spécifiquement les mieux en termes de santé. C'est là tout le problème du pouvoir d'achat. En effet, les Français voudraient mieux, mais ils n’ont pas les moyens. De plus, les Français accordaient avant une plus grande part de leur budget à l’alimentaire, soit 19%, alors qu’aujourd’hui on tourne plus autour de 12-13%, donc il s’agit plutôt d’une question d'affectation des ressources. Le Français ne se pose pas la question quand il doit acheter un iPhone, mais il se la pose donc quand il doit mettre 0,20€ de plus dans un produit alimentaire. Nous avons donc un vrai problème d’éducation globale : on ne montre pas aux autres ce qu’on mange mais on sera content d’exhiber son iPhone.
FD : Cela m’amène à ma question suivante : êtes-vous présents sur les réseaux sociaux ?
AV : Oui, nous sommes présents sur Instagram et aussi pas mal sur LinkedIn.
FD : Comment envisagez-vous Alterfood dans 5 à 10 ans ? Avez-vous l'intention de développer d'autres produits ?
AV : Nous avons pour mission de nous imposer comme un acteur majeur de notre métier, cela veut dire continuer à grandir, sainement, et faire de nos marques des incontournables dans le panier des Français. Les marques existantes ont déjà énormément de potentiel et bien évidemment on ne se refuse rien ! Nous allons créer de nouveaux produits, nous gardons un œil sur les entreprises que nous pourrions potentiellement reprendre et/ou intégrer dans notre portefeuille de marques à développer.
FD : Auriez- vous un souvenir de l'ISG que vous avez envie de partager ?
AV : C’est marrant car j'y pensais il n’y a pas longtemps, alors que je me demandais comment j’en étais arrivé là.
On avait des cours que j’adorais à l’ISG : les cours de stratégie particulièrement. Je me souviens que j'avais fait une rédaction sur le marché des avions low-cost. A l'époque, c'était le début d’Easy Jet et ma copie avait été tellement bonne que le prof de stratégie l'avait lue dans tous les amphis. J'avoue avoir été assez fier, et même si je n'ai pas toujours été le meilleur élève partout, sur la partie business et stratégie, j'étais tout de même assez doué ! On peut dire que ce que j’ai appris à l’ISG me sert encore aujourd’hui un peu tous les jours.
Merci Alexis !
Florence
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